Se diversifier avec du pois chiche pour plus de résilience
Débuter la culture du pois chiche permet d’atteindre de nouveaux débouchés de l’alimentation humaine et surtout de gagner en résilience face aux aléas climatiques.
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Avant de semer les premiers pois chiches, il est conseillé de s’assurer d’avoir un débouché. Guillaume Saintignan, céréalier à Pujaudran dans le Gers, s’est tourné vers un contrat de production avec la coopérative Euralis qui a développé un partenariat avec le groupe Bonduelle. « Le prix est déjà fixé dans le contrat et j’ai un accompagnement technique pour me lancer », explique-t-il. Cédric Steinlé, céréalier à Plobsheim en Alsace, a fait, lui, un autre choix : avec trois agriculteurs, il a développé la marque Graines d’Alsace pour assurer l’emballage et la vente des légumineuses qu’ils produisent.
Gain financier ou adaptation
Il y a plusieurs raisons de diversifier son itinéraire cultural. Cela peut être pour gagner davantage sur le plan financier mais aussi pour gagner en résilience face aux impacts du changement climatique. Les pois chiches ne font pas exception. « Je voulais limiter la casse sur le maïs, raconte Cédric Steinlé. Il n’est pas irrigué, donc je devais trouver autre chose pour rendre mon exploitation plus résiliente. » Sur sa ferme de 80 hectares, dont 55 hectares de maïs, il a commencé en 2019 à faire un hectare de pois chiches, un de quinoa et un de lentilles. Aujourd’hui, le maïs ne représente plus que 27 hectares, et les légumineuses s’étalent sur 10 hectares.
Une charge de travail limitée
Après avoir trouvé son débouché, le pois chiche s’intègre rapidement à l’itinéraire cultural. Il n’y a pas d’investissement matériel particulier et la culture a un cycle court : « Elle débute souvent en février-mars et se termine durant la première quinzaine d’août, quand il n’y a pas de gros pic de travail », explique Quentin Lambert, référent en pois chiche chez Terres Inovia.
Économe en intrants
Du côté des intrants, elle ne demande pas d’engrais, et est économe en eau. « Comparativement à d’autres légumineuses comme les protéagineux, le pois chiche supporte mieux les fortes chaleurs », détaille le référent. En bonus, elle apporte aussi de l’azote au sol, ce qui permet de mieux préparer la culture suivante. « Comparativement au tournesol que je sème à la fin de mars et que je récolte en septembre, j’ai semé le pois chiche au début de mars et récolté à la fin d'août. Et on apporte moins d’engrais azoté sur la culture suivante que derrière un tournesol. Avec les pois chiches, j’ai enlevé 12 hectares de tournesol », explique Guillaume Saintignan. Après une légumineuse à graines, l’apport d’azote serait d’environ 30 unités par hectare pour la céréale suivante. Mais des chiffres officiels manquent encore sur ce paramètre pour le pois chiche.
De la demande
Le marché des légumineuses est en développement et même si le prix peut fluctuer, il est actuellement intéressant : « En conventionnel, le prix est aux alentours de 550 euros la tonne. Par ailleurs, la culture de légumineuses bénéficie des aides Pac, en comptant sur 100 euros l’hectare, cela permet de sécuriser la production », rappelle Quentin Lambert. Avec des coûts de production assez faibles, la marge brute moyenne de la culture du pois chiche fluctue entre 600 et 1 200 €/ha en fonction du rendement et du prix. Le potentiel de rendement moyen fluctue entre 15 et 30 q/ha.
Une date de récolte floue
Le pois chiche demande malgré tout une certaine prise en main. Il est parfois difficile d’en connaître la maturation car, à la première pluie, il peut refleurir. Il est ainsi conseillé par sécurité de récolter sans attendre. « Cela fait quatre ans que je cultive du pois chiche. Deux années sont très bonnes et deux années sont mauvaises, j’ai dû tout broyer. Mais je suis en Alsace, et la pluie de cette année n’a pas aidé », raconte Cédric Steinlé.
Des semences coûteuses
Il est conseillé d’acheter des semences certifiées pour éviter l’ascotychose, une maladie fongique. Si les autres charges sont limitées, le prix des semences reste élevé. Pour Guillaume Saintignan, l’achat des semences est compris dans le contrat d’Euralis. Cédric Steinlé fait le choix de les récolter sur son exploitation.
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